Une nouvelle fois des camarades s'en sont allés, emportés par cette fibre mortelle, l'amiante.
Une nouvelle fois des familles endeuillées.
Comment ne pas être en colère lorsque les derniers instants de vie se font dans la douleur et la souffrance pour une grande partie de ceux qui ont participé aux constructions et aux réparations des navires à Brest.
Comment imaginer qu'il n'y a plus d'amiante à bord des bateaux alors que la fibre est là, tapie entre plèvre et poumon attendant son heure funeste dans le corps des hommes ?
Beaucoup d'entre nous n'ont pas fêté leurs 70 ans ni leurs 60 ans pour certains et la liste s'allongera encore. Pouvez-vous penser qu'on ne mérite pas aussi de profiter de cette vie tant que l'on peut encore respirer ? Quand j'entends parler d'harmoniser l'âge des départs à la retraite et de le repousser jusqu'à 67 ans, bon nombre d'ouvriers de la réparation navale n'aurait pas la possibilité de toucher leur pension méritée. Alors, oui, plus que jamais le départ anticipé dans le dispositif amiante doit perdurer même si ça coûte un "pognon de dingue"; j'ai beaucoup de mal à encaisser et je ne suis pas seul. Mes camarades sont là aussi pour rappeler à ceux qui comptent NOS sous : impôts et cotisations sociales, que la lutte des travailleurs sera toujours présente, tant que l'exploitation des ouvriers se fera au détriment de leur santé et de leurs conditions de travail.
Oui, la colère est intacte et il ne peut y avoir de résignation. La douleur se réveille à chaque décès.
Alors je voudrais dire à Monsieur le sous-préfet qui pleurait son portail que son rôle de représentant de l'Etat est de protéger la population, laissez-nous nous occuper de la ferraille. A chacun son rôle.
Philippe, Jacques, Fabrice, La Caisse à Clous se joint à moi pour cet au revoir et un grand merci pour votre engagement auprès de tous vos camarades, pour vos luttes et le soutien porté à ceux qui vivent encore avec cette épée de Damoclès au-dessus de la tête.
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